
Dans le sable, dans la tempête, j’étais là.
Je l’ai vue. Je l’ai vue telle qu’elle devrait être. J’ai vu la majesté, la gloire, l’opulence, la terrible puissance orgueilleuse et écrasante, d’un empire si haut qu’il en touchait le soleil.
Pourtant, tout n’est que poussière à présent. Les pierres éternelles s’effritent, et dans l’avalanche de gravillons, animés par des vents tournoyants et destructeurs, disparaît la superbe éternelle d’un témoignage d’un autre temps.
S’il y a un lieu qui doit se faire appeler le cimetière des rêves, c’est bien celui-ci.
Les rêves éternels d’avoir un sanctuaire à la mesure de son ambition, imposant, s’élevant dans un désert si aride qu’on croire jamais rien y grandir. Oui, je le vois bien entre deux déferlantes de sable, ces tétraèdre délirants sont toujours là, et ils semblent presque éternels.
Mais pourtant, qui s’est endormi dans le sable et retourné à la poussière. Grâce à la Pierre, on reconnaît certain noms qui reposeraient dans cette nécropole du désert, mais pour autant, saurait-on vraiment les aduler comme des dieux, comme ils l’auraient sûrement désiré ? Pour nous, ils restent des étrangers, des fous, des puissants assurément, mais bien malgré eux ils nous apprennent surtout une leçon et la plus importante de toutes : tout un jour s’effrite, il n’y a donc pas de gloire éternelle.
Je marche quelques pas dans la tempête, au milieu des tombeaux oubliés, tandis que mes pieds s’engouffrent de plus en plus dans le sable, tandis que j’ai de plus en plus de mal à respirer.
Les rêves d’avoir une fin digne d’eux.
Mais est-ce vraiment d’eux que je parle? Je n’en suis pas sûr. Dans ma vision brouillée, la seule chose que je distingue, ce sont les contours bruts et anguleux de pierre, qui semblent dominer la tempête, comme pour dire: « je ne crains rien ».
Je bascule dans le sable.