Parfois, je croise leur regard.
J’y décèle de la peur, souvent. Parfois, de la pitié. Le tout accompagné de dégoût.
J’ai l’habitude. Cette considération vient avec l’uniforme. Mon insigne et mon flingue me donnent de nombreux pouvoirs, notamment celui d’anéantir des vies. Ils ont raison d’avoir peur.
Moi, la frousse, je ne connais pas ça. Je ferais tout ce qu’il faut pour dénicher les rats, les traîtres. Je suis un fin limier. Et j’ai les techniques de chasse.
Les criminels se terrent toujours au bord de la folie. Souvent, leurs petits écarts envers la loi sont dû à des troubles du comportement. J’ai de nombreux amis médecins et psy, c’est ce qu’ils m’expliquent. Moi, peu importe leur raison: il font une connerie, je les remet dans le droit chemin, et je rentre chez moi.
Et sans me vanter, je suis bon dans mon domaine. La nuit, je rêve de tous ces salopards que j’ai mis aux fers. Ils sont là, dans une prison, avec moi, à errer dans les jardins, dans la cours, comme des vrais zombis. Ce rêve est récurrent. Il est un peu flippant à vrai dire. Mais je m’en fous ; quelque part ça me fait bien dormir de savoir que les rues sont plus sûres après mon passage.
J’ai un partenaire. Il me suit et m’accompagne, comme il l’a fait tout au long de mon carrière. C’est loin d’être un con, je lui fait confiance. Il est du genre de ceux qui écoutent. Qui prennent des notes. Mais au moment opportun, ils te sortent une punchline. Elle a de quoi vous surprendre ; elle vous fait réfléchir à qui vous êtes. Je ne le prend jamais à la légère. C’est un dur comme moi, des cas, il en a vu passer.
On forme une équipe de choc. Mais on est toujours sur un cas. Mon partenaire m’en parle tout le temps. Il me dit que c’est le plus important de ma carrière – et de la sienne. Mais on a encore jamais réussi à pincer le salaud qui a fait ça. On pense qu’il a buté sa femme. Horrible, non?
