La route avait été longue, très longue. Jébélé était à bout de force. Il avait traversé les montagnes de Sion, puis le désert d’Agodi, et enfin la passe de la Gazelle. Finalement, il était arrivé aux Plaines Reculées, sa dernière étape avant le cimetière des dragons.

Cependant, son voyage ne s’était pas passé comme prévu. Des vivres, il n’en avait plus, il avait été attaqué par deux fois pendant son voyage. Pour survivre, il avait dû vendre son équipement d’archéologie à Diournie, la dernière ville avant les montagnes de Sion.

La soif le gagnait plus que tout autre chose, sa gourde étant percée: il ne s’en était aperçu que bien trop tard. Cela faisait des heures qu’il marchait, et le vent fort qui soufflait dans la plaine lui donnait le tournis. Parfois il avait l’impression de voir double. Le soleil luisait et se reflétait contre la roche de ce pays si particulier. Des lumières floues, que Jébélé ne distinguait plus bien du décor.

Il regarda les lointaines montagnes, qui semblaient encore plus mystérieuses et inaccessibles que d’habitude. Il serra les poings, de rage, et tomba sur le sol, à genou. Des larmes coulèrent de son visage, tandis qu’il se maudissait, d’être si faible, mais si proche du but. Il ne pouvait pas s’arrêter là… Mais il ne pouvait pas continuer…

Il sentit un courant d’air sur son visage.

Il leva les yeux au ciel. Et soudain, il fut émerveillé.

Il vit des créatures majestueuses en train de voler paisiblement : des dragons! Il y en avait des bleus azurs, des blancs, des argentés, et il était regroupés, comme un troupeau mythique volant vers le Sud. Le soleil se reflétait sur leurs écailles. Ensemble, ils formaient une grande banderole multicolore qu’on aurait accroché dans le ciel. Rapidement, ils volaient au dessus de Jébélé. L’un d’eux poussa même un cri, un appel, et à son signal, tous les dragons commencèrent à voler et à piquer au dessus des nuages.

Les dragons n’avaient pas disparu! Et Jébélé venait de le découvrir.

Ses larmes se transformèrent en larmes de joie.

Parfois, on croit que tout est perdu quand on est loin du but. On a juste besoin d’un petit coup de pouce.


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s