Il y était finalement arrivé. Le sang et la sueur se mélangeait sous son armure. Cependant, sa main d’arme était encore ferme: il ne lâchait pas la garde de sa lame, qui avait bien servi.
Il soupira en accomplissant les pas qui, il le savait, le mèneraient à la salle du trône. Enfin ! Il allait pouvoir accomplir ce qu’aucun autre aventurier n’avait accompli avant lui: défaire le Haut Mage. Finalement, il mettrait un terme à des années de tyrannie.
Il avait d’abord commencé par accomplir le rituel lui permettant de voyager dans le palais du Haut Mage. Il avait ensuite pénétré dans l’aile ouest, comme lui avait indiqué la voyante, puis traversé les salles arcaniques avant de finalement atteindre la Haute Tour. Là, il avait dû deviner l’énigme du sage. Son chemin avait été parsemé de pièges, d’embûches, et d’adversaires en tout genre. Mais, par la force de son volonté, son expérience, et sa maîtrise de l’épée, il en était venu à bout.
On disait du Haut Mage qu’il enchantait de nombreux sortilèges, des plus bizarres aux plus mortels. Oui, il connaissait les mots de pouvoir permettant de chambouler la structure même de la réalité, mais il en connaissait aussi beaucoup en illusions et en altérations de l’esprit. C’est pourquoi, l’aventurier s’était doté d’une potion de clarté qu’il avait bu, gorgée par gorgée, tout au long de son périple. Il voulait être sûr de ne pas tomber dans un des pièges du magicien.
L’aventurier porta la main à sa ceinture, et attrapa la fiole de clarté. Il l’a regarda, dans la pénombre de l’antichambre menant au palais. Le liquide lui semblait… Différent. Soudain, il ressenti une douleur intense à la tête. Voulant en finir, il bu le contenu de la fiole – jusqu’à la dernière goutte. Les détails du monde alentour devinrent scintillants à ses yeux, et il reprit confiance, son mal de crâne s’estompant peu à peu.
Il s’avança vers la porte. Cette porte, immense, était d’acier. Elle était recouverte de runes et de symboles magiques. Elle paraissait s’ouvrir sur un monde onirique, fait de nuages et d’enchantements, car sur tous ses recoins scintillaient une poudre magique. Elle était dotée d’une poignée, un anneau d’or. Pendant un instant, l’aventurier hésita. Il savait que derrière cette porte se trouvait un être abominable et qu’il devait faire quelque chose. Mais, cette beauté, cette magie qui l’entourait, était vraiment une merveille du monde, presque un art, qui évoquait en lui la paix et la contemplation. Il chassa ces idées et en tira la poignée.
Un grand flou lumineux l’éblouit. Un homme, vêtu de robes arcaniques, l’attendait. Le Haut Mage était là. Il l’attendait, souriait et ne disait rien. L’aventurier s’avança vers lui, l’épée au poing. Le sourire du Haut Mage était tranquille, comme s’il s’avait que son heure était finalement venue. Il ne fit même pas un geste pour se défendre.
L’aventurier avait maintenant un cadavre à ses pieds. Il semblait presque fantomatique. Il avait finalement réussi sa mission. Il ne chercha pas plus loin et fit marche arrière, jusqu’à retrouver la sortie du palais, au milieu des nuages. Il revint finalement à la capitale, et on l’acclama – les trompettes sonnaient pour lui. Il avait libéré le pays. Il eut enfin un sourire sur le visage. Il …
Le Haut Mage souriait. C’était toujours la même chose. Il reboucha l’élixir, posé sur la table. Dedans, on pouvait distinguer l’aventurier, minuscule, qui s’agitait, dans des nuages. Le sorcier pris le contenant de verre, et alla soigneusement le déposer sur l’étagère, à côté des autres élixirs. Sa collection s’agrandissait.